Epilogue

Alors voilà : que restera-t-il de cette énergie folle déployée durant ces quelques sessions d'initiation au théâtre ? C'est la question que je me suis posée lorsque j'ai décidé de mettre un terme à cette expérience, à peine quelques jours après la rentrée de janvier 2017.

Je reste pourtant convaincu de la sincérité, de la curiosité et de l’enthousiasme de chacun.

Incriminer mon auditoire et son incapacité à se discipliner ou à faire preuve de curiosité ? Assurément, non. Et c'est souvent le réflexe du formateur de vouloir stigmatiser le public auquel il a fait face et devant lequel il s'est trouvé en difficulté. A bien y regarder, les élèves ont joué le jeu dans tous les exercices que je leurs ai proposés : ils ont essayé de faire quelque chose. Mais étaient-ils totalement disponibles pour se donner les moyens de vivre une situation, ressentir ou éprouver quelque émotion ? Catégoriquement, non ! Et c'est cela qui nous a le plus gêné parce que persistait malgré tout le cadre de l'école et de l'atelier périscolaire.

L'équipe éducative, quant à elle, s'est montrée très distante lorsque j'ai évoqué les difficultés éprouvées lors des séances : ses silences m'ont souvent laissé penser qu'elle était débordée et qu'il fallait se contenter de contenir les élèves, jusqu'à l'heure de sortie, quitte à réduire ses exigences en matière de qualité d'enseignement et de contenu...

C'est cette absence d'écoute, de perspectives qui m'a surtout dissuadé de continuer, cette totale impuissance devant la difficulté, ce désœuvrement devant l'échec. Ajoutés à cela, l'absence de contrat de travail et le sentiment de ne pas se sentir très utile proportionnellement à la colossale énergie déployée...

Je prends le chemin du retour, et longe, songeur, les bâtiments industriels, bureaux et logements sociaux. Cette première (et difficile) expérience m'a enseigné des choses que je décide de laisser mûrir un moment.

Les mois qui suivent me portent vers une association d'aide aux enfants en difficulté scolaire. Je décide d'y intervenir en tant que bénévole pour des prestations en théâtre. L'équipe encadrante est présente et disponible, les enfants très demandeurs. En écrivant ces lignes, j'ai à l'esprit - comme un Graal aux vertus flamboyantes -  cette simple phrase prononcée par un petit garçon qui essayait le théâtre pour la première fois : "C'était bien le théâtre, aujourd'hui !".

En route, pour de nouveaux lendemains à inventer !